Youssef Chahed
Youssef Chahed (arabe : يوسف الشاهد), né le à Tunis, est un homme d'État tunisien.
Ministre des Affaires locales de à , au sein du gouvernement de Habib Essid, il est chef du gouvernement de la Tunisie du au .
Candidat à l'élection présidentielle de 2019, il délègue provisoirement ses fonctions au ministre de la Fonction publique, Kamel Morjane. Il est éliminé dès le premier tour, arrivant en cinquième position avec 7,4 % des voix.
Formation et vie privée
[modifier | modifier le code]Youssef Chahed poursuit des études d'ingénieur agronome à l'Institut national agronomique de Tunisie, dont il sort diplômé, major de promotion, en 1998[1],[2].
Il intègre ensuite l'Institut national agronomique Paris-Grignon en France[2]. Il y obtient en 1999 un diplôme d'études approfondies (DEA) en économie de l'environnement et ressources naturelles et, en 2003, un doctorat en agroéconomie[2], sous la direction de Jean-Christophe Bureau. Son DEA avait pour intitulé Mesure de l'impact sur le bien-être des réductions tarifaires relatives aux produits agricoles : une application du Trade Restrictiveness Index (TRI) à l'économie de l'Union européenne[3] et sa thèse de doctorat portait sur la « mesure de l'impact de la libéralisation des marchés agricoles sur les échanges et le bien-être »[2],[4].
Youssef Chahed est marié à Héla Chahed (née Zahouani)[5] et père d'une fille[2]. Il est également le petit-fils de la militante féministe Radhia Haddad[2].
Il parle couramment l'arabe, le français, l'anglais et l'italien[2].
Carrière universitaire
[modifier | modifier le code]De 2003 à 2009, Youssef Chahed est professeur en agroéconomie à l'Institut supérieur d'agriculture LaSalle de Beauvais (France)[2],[6]. Il est également professeur visiteur dans de nombreuses universités dans le monde, comme à Tokyo ou à São Paulo[2]. De 2003 à 2015, il travaille comme expert international en agriculture et en politiques agricoles, auprès d'institutions internationales comme le département de l'Agriculture des États-Unis et la Commission européenne[2].
Il écrit de nombreux rapports et articles scientifiques sur les politiques publiques en agriculture et les secteurs de productions agricoles en Tunisie[1]. Chahed travaille notamment sur la formulation, l'évaluation et la supervision de projets agricoles dans le cadre de renforcement de capacités entre la Tunisie et les États-Unis[2]. Il participe également à la mise en place de nombreuses collaborations sur la sécurité alimentaire et le développement des coopératives en Tunisie, en collaboration avec des organismes internationaux tels que le Service d'inspection sanitaire des animaux et des plantes, la Food and Drug Administration, l'Agence des États-Unis pour le développement international, le Codex Alimentarius, etc[2].
Parcours politique
[modifier | modifier le code]Débuts
[modifier | modifier le code]Après la révolution de 2011, Chahed est l'un des membres fondateurs du parti Al Joumhouri[1], fondé le . Il adhère ensuite à Nidaa Tounes, en tant que membre du bureau exécutif[1].
Membre du gouvernement Essid
[modifier | modifier le code]Le , il est nommé secrétaire d'État chargé de la Pêche, auprès du ministre de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, Saâd Seddik, dans le gouvernement de Habib Essid[7].
Lors du remaniement du , il devient ministre des Affaires locales dans ce même gouvernement[1]. Le , il présente, à moins d'un an des élections municipales, un projet de généralisation des municipalités, qui prévoit la création de 61 nouvelles municipalités[8]. Le , il est proposé par le président Béji Caïd Essebsi pour succéder à Habib Essid à la tête d'un gouvernement d'union nationale[9].
Chef du gouvernement
[modifier | modifier le code]Le , le président Béji Caïd Essebsi désigne Chahed pour former un nouveau gouvernement[10]. Le , il forme son gouvernement[11]. Le au soir, les députés de Nidaa Tounes, d'Ennahdha, de l'Union patriotique libre, d'Afek Tounes et du bloc Al Horra[12] accordent leur confiance au gouvernement avec 167 voix pour, 22 contre et cinq abstentions, sur 194 députés présents[13]. Il prête serment le lendemain au palais présidentiel de Carthage[14]. Il devient alors le plus jeune Premier ministre de l'histoire moderne du pays[15].
Le , Youssef Chahed effectue sa première visite internationale à Alger[16] Le , il se rend à Paris[17] ; il y est reçu par le président François Hollande et le Premier ministre Manuel Valls.
Fin , il limoge son ministre de la Fonction publique et de la Gouvernance[18], expliquant que ce dernier avait dévié des règles de l'action gouvernementale[19]. Dans la foulée, il effectue un remaniement ministériel[20] et, le , annonce la suppression du ministère de la Fonction publique et de la Gouvernance[21]. Certains observateurs voient ce remaniement comme une occasion de nommer des proches du parti Ennahdha[22].
Le , il donne le coup d'envoi d'une grande opération anti-corruption en débutant avec l'arrestation de Chafik Jarraya[23] suivi de celles de plusieurs autres hommes d'affaires[24] tels que Yassine Channoufi et Samir El Wafi[25]. Cette initiative, préparée dans le secret depuis plusieurs mois, provoque une vague de soutien et d'opinions favorables de la part des Tunisiens[26]. À cet égard, il déclare qu'il ira jusqu'au bout de cette guerre contre la corruption, qui a des coûts économiques importants pour le pays[27].
En , lors d'une émission télévisée, Rached Ghannouchi, président du parti islamiste Ennahdha, annonce qu'il ne souhaite pas que Chahed se porte candidat à l'élection présidentielle de 2019[28]. Cette déclaration qui « presse Youssef Chahed à annoncer sa non-candidature à la présidentielle de 2019 » lance le débat autour de la candidature de ce dernier[29].
Le , Chahed est suspendu des rangs du parti et celui-ci lance une procédure disciplinaire à son encontre[30]. La mesure est levée en alors que ses partisans forment un nouveau parti, Tahya Tounes[31]. Le , le conseil national de Tahya Tounes l'élit en tant que président du parti[32].
Élection présidentielle de 2019
[modifier | modifier le code]Il annonce le sa candidature à l'élection présidentielle anticipée[33] qui fait suite à la mort du président Béji Caïd Essebsi quelques mois avant la fin de son mandat.
Alors qu'il possède la double nationalité, il annonce le qu'il renonce à sa nationalité française pour pouvoir briguer la présidence du pays[34],[35]. Le suivant, Chahed délègue ses fonctions au ministre Kamel Morjane, un choix qui suscite la polémique en raison de ses responsabilités ministérielles sous la présidence de Zine el-Abidine Ben Ali[36],[37].
Dans les jours qui suivent, il est accusé d'être à l'origine de l'arrestation de son adversaire Nabil Karoui par les partisans de celui-ci et plusieurs candidats à l'élection[38]. Chahed répond : « Aujourd'hui, toute personne interpellée par la justice m'accuse d'avoir été à l'origine de son arrestation. Je pense que Swagg Man est le seul qui n'a pas prétendu que j'étais à l'origine de son arrestation »[39]. Le candidat et homme d'affaires controversé[40] Slim Riahi affirme qu'il lui a promis la levée de son interdiction de voyager et du gel de ses avoirs en contrepartie du vote de son bloc parlementaire en faveur du ministre de l'Intérieur, Hichem Fourati. Le , l'animateur Sami Fehri publie un échange WhatsApp entre Riahi et Chahed tendant à prouver un tel accord[41].
Une pétition de soutien à Chahed est lancée le . Plusieurs signataires, comme la réalisatrice Dora Bouchoucha et l'universitaire Abdeljalil Bouguerra, indiquent ne pas avoir donné leur accord et sont finalement retirés de la liste[42],[43],[44].
Il est finalement éliminé dès le premier tour[45].
Publications
[modifier | modifier le code]- Jean-Christophe Bureau, Youssef Chahed et Luca Salvatici, « La baisse de la protection douanière dans l'Uruguay Round : le cas de l'agriculture dans l'Union européenne, au Canada et aux États-Unis », Économie & Prévision, La Documentation française, no 154, , p. 107-122 (lire en ligne, consulté le )
- Youssef Chahed et Sophie Drogué, « Incidence du processus multilatéral sur la viabilité des accords préférentiels : le cas euro-méditerranéen », Économie rurale, vol. 276, no 1, , p. 3-16 (lire en ligne, consulté le )
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « Biographie de Youssef Chahed, ministre des Affaires locales », sur businessnews.com.tn, (consulté le ).
- « Qui est Youssef Chahed, nouveau secrétaire d'État à la Pêche », sur leaders.com.tn, (consulté le ).
- « Youssef Chahed », sur infodoc.agroparistech.fr (consulté le ).
- « Mesure de l'impact de la libéralisation des marchés agricoles sur les échanges et le bien-être », sur theses.fr (consulté le ).
- « La photo du jour : première sortie publique de Mme Youssef Chahed », sur espacemanager.com, (consulté le ).
- Fanny Dollé, « L'ancien prof à Beauvais est devenu Premier ministre de la Tunisie », sur courrier-picard.fr, (consulté le ).
- « Habib Essid annonce la composition du gouvernement », sur tap.info.tn, (consulté le ).
- « La Tunisie en passe de créer 61 nouvelles municipalités », sur huffpostmaghreb.com, (consulté le ).
- Frida Dahmani, « Tunisie : Béji Caïd Essebsi propose Youssef Chahed pour diriger le prochain gouvernement », sur jeuneafrique.com, (consulté le ).
- Mohamed Ali Sghaier, « Youssef Chahed officiellement désigné pour présider le futur gouvernement », sur webdo.tn, (consulté le ).
- « Tunisie : le nouveau Premier ministre Youssef Chahed a formé son gouvernement », sur rfi.fr, (consulté le ).
- « Confiance au gouvernement Chahed : la séance peut s'étaler sur 2 jours », sur mosaiquefm.net, (consulté le ).
- « Tunisie : le gouvernement obtient la confiance du Parlement », sur rfi.fr, (consulté le ).
- « Tunisie : le nouveau gouvernement a prêté serment », sur webdo.tn, (consulté le ).
- « Tunisie : Youssef Chahed obtient la confiance du Parlement pour son gouvernement d'union », sur france24.com, (consulté le ).
- « Tunisie : en visite à Alger, Youssef Chahed a discuté économie, sécurité et taxe touristique », sur jeuneafrique.com, (consulté le ).
- Rebecca Chaouch, « Tunisie : « La France est là », assure le président François Hollande à Youssef Chahed », sur jeuneafrique.com, (consulté le ).
- « Remaniement : Youssef Chahed explique pourquoi il a limogé Abid Briki », sur webmanagercenter.com, (consulté le ).
- Sarra Hlaoui, « Youssef Chahed : Abid Briki a dévié, il a été alors écarté ! », sur businessnews.com.tn, (consulté le ).
- « Youssef Chahed effectue un remaniement ministériel », sur huffpostmaghreb.com, (consulté le ).
- Nadia Dejoui, « Youssef Chahed retire le ministère de la Fonction publique et de la Gouvernance », sur leconomistemaghrebin.com, (consulté le ).
- Abou Sarra, « Tunisie : zones d'ombre sur le dernier remaniement ministériel », sur webmanagercenter.com, (consulté le ).
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- « Youssef Chahed a caché sa nationalité française à son entourage ! », sur businessnews.com.tn, (consulté le ).
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- Mathieu Galtier, « Tunisie : le favori de la présidentielle arrêté à trois semaines du scrutin », sur liberation.fr, (consulté le ).
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- « Dorra Bouchoucha : je n'ai pas soutenu Youssef Chahed », sur businessnews.com.tn, (consulté le ).
- « Abdejlil Bouguerra ne figure pas dans la liste de ceux qui soutiennent chahed », sur businessnews.com.tn, (consulté le ).
- « Al Chourouk supprime de son site la liste des intellectuels ayant soutenu la candidature de Chahed », sur espacemanager.com, (consulté le ).
- « Présidentielle : Youssef Chahed reconnait sa défaite », sur leconomistemaghrebin.com, (consulté le ).
Liens externes
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